Pas vraiment un 10/10


Paré d'un pitch assez passe-partout, qui explique peut-être qu'il se retrouve directement en VOD, 10x10 offre au spectateur curieux (et qui n'a pas autre chose à faire) une expérience au final aussi vide que la pièce dont il annonçait la surface.


Dès les premières minutes, le manque d'originalité de son matériau de base (un type enlève une nana sur un parking et l'enferme dans une pièce insonorisée) parvient presque à être compensé par une exposition qui prend soin de nous placer du côté du ravisseur, dont l'allure, la voiture, les hésitations, laissent penser qu'il n'est pas véritablement le "salaud" que ses actes pourraient laisser entendre. Néanmoins, c'est aussi dans cette exposition que le film montre ses faiblesses scénaristiques et artistiques : l'enlèvement est assez ridicule dans son déroulement, comme le seront les nombreuses confrontations entre un ravisseur maladroit mais déterminé, qui se laisse constamment bordélisé par sa victime. On perçoit bien derrière ces scènes aussi gratuites qu'inintéressantes l'intention de montrer que le personnage interprété par Luke Evans n'a pas l'expérience de cette situation, ne sait peut-être pas très bien ce qu'il fait, mais l'ensemble ne colle pas. Entre le soin apporté à cette cellule capitonnée, dont l'utilisation est réduite à néant (on y entre comme dans un moulin, on en sort tout aussi commodément), comme si les scénaristes n'avaient pas eu assez d'idées à faire rentrer dedans, et le caractère très improvisé de cette séquestration, on frise constamment l'incohérence. Finalement, rien ne se déroule de vraiment palpitant, ni d'oppressant, dans cette pièce, d'où pourtant on pourrait faire naître une sacrée tension (cf. Buried). De tension, ici, aucune trace. Les personnages passent plus de temps dans à arpenter une baraque aussi lumineuse et accueillante qu'un épisode de La Maison France 5, à déguster des lasagnes (je vous laisse découvrir l'étrange recette à l'écran), à remettre des meubles en place et à mater la TV, qu'à se mettre la pression à couteaux tirés (même si de couteaux, il est parfois vainement question, histoire de mettre un peu de rythme).

Ajoutons en vrac le pseudo-twist qu'on sent venir à des kilomètres, mal amené, ou plutôt mal servi, par le jeu très approximatif des deux principaux protagonistes (voire calamiteux, pour Kelly Reilly), les deux flics-idiots-mais-dont-on-essaie-de-faire-croire-qu'au-moins-un-est-perspicace, inutiles à souhait, la victime-collatérale-parce-qu'il-en-faut-au-moins-une, tout aussi inutile, le "passif" et les "secrets" des personnages, qu'on devine, et dont au final on se fout un peu, la réalisation très très convenue, une multitude d'indices subtilement distillés (la porte du garage, la balle manquante, le téléphone brisé en deux...), voire complètement gratuits (et il en fera quoi de ses enregistrements, absolument irrecevables?)

C'est dommage, car on sent qu'au fond, s'ils s'en étaient donné les moyens, réalisatrice et scénariste auraient pu accoucher d'un bon suspense, d'un film tendu, plus profond, dans les thèmes qu'il aborde, sous couvert de faux revenge movie, questionner aussi bien les agissements du ravisseur que ceux de sa victime, interroger en filigrane la notion de justice. Ça n'aurait pas révolutionné le genre, mais c’eut pu être efficace.

En bref, si vous voulez mon avis... on se remate Cube  et de La Jeune fille et la mort.

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